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voulaient déjà mettre à flot les chaloupes, pour abandonner le navire dans ce moment suprême. En vérité, le destin semblait avoir décidé la perte du Jonas ; mais, soit que le Seigneur eût pitié de ces créatures éperdues, soit que le sang-froid du capitaine sût éviter avec une merveilleuse habileté les montagnes de glace, les chercheurs d’or échappèrent cette fois encore au tombeau qui s’ouvrait devant eux. Ils arrivèrent enfin dans l’océan Pacifique, entre Valparaiso et Taïti.

Il s’était écoulé près de cinq mois depuis le jour où ils avaient quitté Anvers et vogué sur l’Océan. Encore une quarantaine de jours favorables, et ils allaient mettre le pied sur le rivage du merveilleux pays, but suprême de leur désir et récompense de tous les maux soufferts. Après un si long voyage, l’ennui s’était emparé des passagers, jusqu’au moment où ils arrivèrent près du cap Horn, et avait jeté peu à peu l’apathie et le découragement dans les cœurs ; mais, maintenant qu’on se trouvait dans la mer même qui baignait les côtes de la Californie, les poitrines se dilatèrent, les têtes se re-