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sa tête, et nul soldat n’osa s’aventurer à sa portée, et peut-être serait-il arrivé de nouveaux malheurs si le vieux comte, inquiet pour la vie de son fils, ne lui eût crié d’une voix suppliante :

— Robert,… mon fils ! rendez votre épée,… c’est moi, ton père, qui t’en prie ; c’est moi qui te l’ordonne.

En prononçant ces mots d’une voix émouvante, le vieux comte jeta les bras au cou de Robert et appuya son front sur le sein de son fils, qui sentit tes larmes paternelles tomber sur sa main. Il comprit alors toute l’étendue de son imprudence. Il s’arracha des bras de son père, lança sa hache contre la muraille, et s’écria :

— Allons, misérables mercenaires, approchez-vous du Lion de Flandre ! Ne craignez rien, il se livre !

Les gardes se jetèrent en grand nombre sur lui et s’en emparèrent. Pendant qu’on l’emmenait avec son père hors de la salle, il cria à Charles de Valois :

— Votre écusson n’est pas souillé, monseigneur de Valois. Vous étiez et vous êtes encore le plus noble et le plus loyal chevalier de France, — votre loi reste inviolée ! Voilà ce que vous dit en s’en allant le Lion de Flandre, pour que chacun l’entende !

Les chevaliers français avaient remis l’épée au fourreau, dès qu’ils s’étaient aperçus que la vie des princes n’était pas menacée. Ils n’avaient pas à se