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— Monseigneur, dit-il, je vous arrête au nom du roi, mon maître.

Le comte de Flandre le regarda tristement, et, se tournant vers Robert, il dit en soupirant :

— Ô mon malheureux fils !

Robert de Béthune, debout, immobile, promenait un regard calme sur les chevaliers français qui le contemplaient d’un air interrogateur. Comme si une invisible main l’eût touché d’une baguette magique, un frisson convulsif parcourait tout son corps ; ses muscles se tendirent tout à coup, et ses yeux semblèrent lancer des flammes. Il bondit soudain comme un lion, et sa voix tonnante fit trembler la salle entière.

— Malheureux que je suis ! s’écria-t-il, j’ai vu la main d’un goujat s’abattre sur l’épaule de mon père ; par le ciel ! elle y restera, ou je veux mourir.

Il s’élança et arracha violemment une hache des mains d’un soldat. Un cri d’effroi échappa aux chevaliers présents qui, tous, tirèrent leurs épées ; car ils croyaient que la vie des princes français était en péril. Mais cette crainte disparut au même instant : le coup de Robert était donné. Il avait fait comme il avait dit. Le bras de celui qui avait touché son père gisait sur le sol, et le sang coulait à flots d’une horrible blessure.

Les gardes du corps s’élancèrent alors en foule vers Robert ; mais lui, exaspéré par une rage aveugle, faisait tournoyer rapidement sa hache au-dessus de