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n’est pas la première fois que vous vous élevez contre la volonté du roi !

— Madame, répondit Charles avec amertume, c’est à vous qu’il ne sied pas d’accuser de félonie le frère de votre époux. Sera-ce donc à cause de vous que Charles de Valois aura trompé un vassal malheureux ? Non, par le ciel, cela ne sera pas ! J’en appelle à vous, Philippe, mon souverain et mon frère, souffrirez-vous que le sang de saint Louis soit outragé dans ma personne ? réserviez-vous cette récompense à mes loyaux services ?

On put alors remarquer que le roi parlait avec chaleur à Jeanne et semblait insister auprès d’elle pour adoucir la sévère sentence, mais elle, implacable dans sa haine contre les Flamands, rejeta avec hauteur la prière du roi, et rougit tellement, en en tendant les paroles de Charles de Valois, que son visage parut tout en feu. Ses yeux lançaient des éclairs et tout à coup elle cria d’une voix forte :

— Holà, gardes. Que la volonté du roi s’accomplisse ! assurez-vous de ces vassaux félons !

À cet appel, des gardes pénétrèrent en grand nombre dans la salle par toutes les portes. Les chevaliers flamands se laissèrent arrêter sans résistance ; ils savaient que la violence ne pouvait les sauver, puisqu’ils étaient désarmés et entourés d’une foule d’ennemis.

Un des soldats s’approcha du vieux comte Guy, et lui mettant la main sur l’épaule :