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qu’elles touchèrent dévotement de leurs mains sa robe de pèlerin.

Cependant cet étonnant pèlerin était un simple voyageur : il avait visité, dans sa jeunesse, les pays qu’il semblait si bien connaître, et il n’avait pas gardé de souvenirs très-précis de ce qu’il y avait vu ; seulement, quand la mémoire lui faisait défaut, l’imagination lui venait en aide ; alors il racontait des choses surnaturelles et se riait, à part lui, de la crédulité de ceux qui ajoutaient foi à ses récits. En un mot, nos lecteurs l’ont déjà reconnu ; c’était Didier Devos. Personne ne possédait autant que lui l’art de se métamorphoser et de prendre toutes les figures. Il savait se vieillir ou se rajeunir à son gré, au moyen d’eaux et de couleurs, et cela avec tant d’art que ses amis eux-mêmes ne pouvaient le reconnaître. Comme il n’ajoutait pas la moindre confiance à la parole des princes français, et qu’ainsi qu’il l’avait dit au comte de Flandre, il ne voulait pas que le renard fût pris, il avait pris ce déguisement pour ne pas tomber aux mains de ses ennemis.

Bientôt après le roi et la reine entrèrent dans la salle, accompagnés d’un nombreux cortége de chevaliers et de dames, et prirent place sur le trône. La plupart des seigneurs français se rangèrent sur deux lignes le long de la muraille ; les autres demeurèrent dans le voisinage des bourgeois. Deux hérauts d’armes, portant les bannières de France et de Navarre se placèrent aux deux côtés du trône.