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duire au pied du trône. On remarquait aussi dans la salle quelques abbés et prélats. Avec eux s’y trouvaient encore bons maints bourgeois de Compiègne, auxquels on avait permis à dessein d’assister à cette solennelle entrevue.

Tandis que les conversations s’échangeaient de toutes parts, un vieillard, en costume de pèlerin, entra dans la salle. Il courbait humblement sa tête couverte d’un large chapeau, et l’on pouvait à peine apercevoir ses traits. Une robe brune garnie de coquilles dissimulait les formes de son corps, et un long bâton, auquel était suspendue une gourde, soutenait ses membres roidis par la fatigue. Dès que les prélats l’aperçurent, ils allèrent à lui et l’accablèrent de questions de toute espèce. L’un voulait savoir quelle était la situation des chrétiens de Syrie, l’autre comment allait la guerre d’Italie, un troisième demandait si le pèlerin n’avait point rapporté quelques précieuses reliques. Le pèlerin répondait à toutes ces questions en homme qui avait quitté depuis peu les pays dont on lui parlait, et racontait tant de choses merveilleuses, que les assistants l’écoutaient avec autant de respect que de curiosité. Bien que sa parole fût, en général, grave et édifiante, il lui échappait parfois des remarques si plaisantes, que les prélats eux-mêmes ne pouvaient s’empêcher de sourire. Bientôt plus de cinquante personnes furent rassemblées autour de lui, et quelques-unes portèrent si loin l’admiration et le respect envers ce saint homme,