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— Messire de Nogaret, envoyé du roi !

Un mouvement soudain attesta suffisamment l’inquiétude qui s’empara des Flamands à cette annonce. Messire de Nogaret passait pour l’exécuteur ordinaire des ordres secrets du roi, et ils s’imaginèrent qu’accompagné de gardes, il venait les faire prisonniers. Robert de Béthune tira son épée du fourreau et la posa devant lui sur la table. Les autres seigneurs portèrent également la main à leurs armes, et tous les regards se fixèrent avidement sur la porte.

Ils étaient dans cette attitude quand messire de Nogaret entra. Il s’inclina courtoisement en passant devant les chevaliers, et, se tournant vers Guy, il dit :

— Comte de Flandre ! mon gracieux roi et maître désire que demain, à onze heures du matin, vous vous rendiez devant lui ; accompagné de vos vassaux, et que là vous lui demandiez publiquement pardon de votre faute. L’arrivée de l’illustre reine de Navarre a hâté cet ordre. Elle a même sollicité votre grâce du prince son époux, et je suis chargé de sa part de vous dire combien votre soumission lui sera agréable ! À demain donc, messires. Pardonnez-moi de vous quitter sitôt. Sa Majesté m’attend. — Que le Seigneur vous ait en sa sainte garde !

À ces mots, l’envoyé royal sortit de la salle.

— Le ciel soit loué, messires, dit Guy : le roi de France se montre clément ; vous pouvez vous retirer consolés et rassurés. Allez, vous avez entendu