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l’envoya en toute hâte à Paris. Il avait mission d’instruire de tout ce qui se passait la reine et Enguerrand de Marigny, et de les appeler à Compiègne.

Son perfide projet réussit complétement. Le récit du messager fit entrer Jeanne de Navarre dans une violente colère. Recevoir les Flamands à merci ! Elle qui leur avait voué une impitoyable haine, laisser ainsi échapper sa proie : et Enguerrand de Marigny qui avait gaspillé par avance l’argent que devait produire la Flandre, cela ne pouvait être, et la reine et son ministre avaient un trop grand intérêt à conserver la conquête de ce pays pour souffrir qu’on lui rendît, la liberté. Dès qu’ils eurent reçu l’importante nouvelle, ils partirent en toute hâte pour Compiègne, et apparurent tout à coup dans la chambre du roi.

— Sire, s’écria Jeanne, ne suis-je donc plus rien pour vous, que vous fassiez ainsi grâce à mes ennemis sans ma permission ? Et quel aveuglement, est le vôtre, de vouloir nourrir et choyer pour votre perdition ces vipères flamandes ?

— Madame, répondit le roi avec calme, à votre tour, vous devriez montrer plus de prudence et ne pas outrager ensemble votre époux et votre roi. S’il me convient de faire grâce au vieux comte de Flandre, ma volonté royale s’accomplira.

— Non, "s’écria Jeanne pourpre de colère, non, elle ne s’accomplira pas ! Je ne le veux pas, moi, entendez-vous bien, sire ? je ne le veux pas ! Comment ! ces