Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/76

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

veux pas encore vous recevoir en grâce aujourd’hui : cette grave affaire réclame de nous un sérieux examen. Nous désirons aussi que votre soumission ait lieu avec solennité et en présence de tous les seigneurs nos vassaux, afin qu’elle leur soit un exemple et une leçon. Allez, comte Guy : laissez-nous réfléchir à ce que nous pourrons faire pour un sujet infidèle et repentant.

Sur cet ordre, le comte de Flandre sortit de la salle, et il n’avait pas encore quitté le palais, que déjà le bruit se répandait que le roi lui avait rendu sa fille et ses honneurs. Parmi les seigneurs français, beaucoup se réjouissaient de ce bonheur arrivé au vieux comte. Mais quelques-uns, qui avaient fondé sur la conquête de la Flandre des projets ambitieux, ressentaient un secret dépit. Cependant, comme la volonté du roi était sacrée, ils n’en laissaient rien voir.

La joie et la confiance rentrèrent dans l’âme des seigneurs flamands ; ils commencèrent à se bercer d’une douce espérance et crurent dès lors à la délivrance de leur patrie. Il leur sembla que rien ne pouvait retarder l’heureuse issue de leur démarche, puisque, indépendamment du gracieux accueil qu’il avait fait au comte, le roi avait donné à monseigneur de Valois l’assurance qu’il traiterait le comte Guy avec douceur et magnanimité.

À vous, qui avez eu à lutter contre les rigueurs du sort et qui, dans cette lutte, avez souffert et pleuré, vous savez combien la joie s’empare facilement d’un