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serait justice de te la faire subir ; cependant, dans notre royale clémence, nous consentons à t’entendre. Lève-toi et parle !

Le vieux comte se releva et répondit :

— Monseigneur et maître, confiant dans votre justice, je suis venu de bien loin me jeter aux pieds de Votre Majesté, afin qu’elle me traite selon son bon plaisir.

— Cette soumission est bien tardive, reprit le roi. Tu t’es ligué contre moi avec Édouard d’Angleterre, mon ennemi ; tu t’es, comme un vassal félon, révolté contre ton suzerain, et tu as osé lui déclarer la guerre : en punition de ta conduite traîtresse et désobéissante, ton pays a été conquis et soumis.

— Ô mon prince ! dit Guy, laissez-moi trouver grâce devant vous. Que Votre Majesté songe à la peine et à la douleur qu’a ressenties un père que l’on privait de son enfant. Ne vous ai-je pas adressé les plaintes d’un cœur brisé ? Ne vous ai-je pas supplié de me rendre ma pauvre fille ? Ô mon roi, si l’on vous enlevait ce fils, ce prince Louis, mon futur souverain, qui se tient si fièrement à côté de vous ; si on vous l’enlevait, dis-je, pour le charger de fers sur une terre étrangère, la douleur ne briserait-elle pas l’âme de Votre Majesté ? Et que ne ferait-elle pas pour venger et délivrer ce noble fils issu de votre sang ? Oh ! oui, votre cœur paternel me comprend : je trouverai grâce devant vous.

Philippe le Bel jeta, en ce moment, un tendre re-