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Robert, voyant que sa fille ne cessait de pleurer, et craignant que sa présence ne fût plus nuisible qu’utile, lui prit la main :

— Viens, mon enfant, dit-il, quitte cette chambre. Nous reviendrons quand ta douleur sera un peu calmée.

Mais Mathilde refusa de sortir et répondit :

— Oh ! non, mon père ; laissez-moi près de lui. Je ne pleurerai plus. Permettez-moi de le soigner. Je réciterai à son chevet les ferventes prières que lui-même m’a apprises.

À ces mots, elle prit un coussin, le plaça sur le parquet, au chevet du lit du blessé, et se mit à prier à voix basse, tandis que des sanglots étouffés s’échappaient encore de son sein et que des larmes inondaient ses paupières.

Robert de Béthune passa la nuit auprès d’Adolphe, espérant à chaque instant qu’il recouvrerait la connaissance et la parole ; mais cet espoir ne se réalisa pas. La respiration du blessé était pénible et lente ; il demeurait constamment immobile. Maître Rogaert commença à craindre sérieusement pour sa vie en voyant une fièvre légère se déclarer et enflammer les joues du malade.

Les seigneurs qui ne logeaient pas à Wynendael quittèrent le château : en féaux chevaliers, ils se réjouissaient de pouvoir servir encore leur ancien maître et lui donner une dernière preuve de dévouement. Ceux qui restèrent au château se retirèrent dans