Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/61

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’apprendre ? Quoi ! vous allez vous livrer vous-même aux mains de vos ennemis et offrir votre vieillesse à leurs outrages ? Vous ne songez donc pas que la cruelle Jeanne est au Louvre et veille à la porte de la prison de ma sœur.

— On vous a dit vrai, mon fils, répondit Guy avec majesté ; je vais en France et vous venez avec moi ; telle est la volonté de votre père.

— Eh bien, soit ! répondit Robert, j’irai en France, je suis prêt à vous suivre. Mais cette soumission, cette ignominieuse soumission ?

— Cette soumission, je la ferai et vous avec moi, répondit d’une voix ferme le vieux comte.

— Moi ? s’écria Robert avec un accent indigné ; moi, m’humilier ainsi, moi, Robert de Béthune, me jeter aux pieds de notre ennemi ? Quoi ! le Lion de Flandre courberait la tête devant un faux monarque, devant un parjure ?

Le comte garda le silence pendant quelques instants. Quand il crut que Robert était un peu calmé, il reprit :

— Et, cependant, tu le feras, Robert !

— Jamais ! s’écria celui-ci ; jamais pareil opprobre ne souillera mes armes. Me prosterner devant un monarque étranger ! moi ? Jamais ! Ne connaissez-vous donc pas votre fils, mon père ?

— Robert, répliqua Guy avec sang-froid, la volonté de ton père est une loi que tu ne peux enfreindre… Je le veux !