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bert de Béthune franchit l’entrée du château. Quand il fut descendu de cheval, Didier s’approcha de lui et dit.

— Il est inutile, monseigneur, de demander des nouvelles de votre ennemi : l’épée du Lion de Flandre n’a jamais failli. Messire de Châtillon est certainement en route pour l’autre monde ?

— Non, par Dieu ! répondit Robert ; il habite encore celui-ci ; mais mon épée s’est si rudement abattue sur son casque, qu’il ne soufflera pas mot d’ici à trois jours ; cependant il n’est pas mort, grâces à dieu ! mais un autre malheur me ramène. Adolphe de Nieuwland, qui me servait de second, s’est battu contre Saint-Pol, et il venait de le blesser à la tête, quand sa cuirasse s’est ouverte, et l’épée de Saint-Pol l’a grièvement blessé. Courez au-devant de lui, messire Devos, mes gens le rapportent au château.

— Mais, monseigneur, demanda Didier, que pensez-vous de ce voyage en France ? N’est-ce pas une démarche imprudente ?

— Quelle démarche ? quel voyage ?

— Quoi ! vous ne savez rien ?

— Eh non, vraiment, parlez donc !

— Eh bien ! après-demain, nous partons pour la France avec monseigneur le comte.

— Qu’est-ce que cela, et que voulez-vous dire, Didier ? Vous plaisantez, j’imagine, et je n’en ai nulle envie, je vous jure ? Comment, nous partons pour la France ?