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Les seigneurs répondirent, l’un après l’autre, qu’ils étaient tous prêts à partir, à accompagner le comte partout où il lui plairait de les conduire, et à lui prêter aide en toute circonstance. Un seul garda le silence ; c’était un vieux chevalier qui s’appelait Didier Devos.

— Messire Didier, demanda le comte, ne serez-vous pas des nôtres ?

— Loin de moi cette pensée ! s’écria Didier ; Devos vous accompagnera, fût-ce au fond de l’enfer. Mais je vous le dis aussi, noble comte, pardonnez-moi ma hardiesse, je vous dis qu’il n’est pas besoin d’être un vieux renard pour apercevoir le piége. Une fois déjà vous avez été retenu prisonnier, et vous voulez reprendre le même chemin. Ah ! monseigneur, Dieu fasse que le succès couronne l’entreprise ! mais, en tout cas, je vous assure que Philippe le Bel ne prendra pas le renard.

— Vous jugez et parlez légèrement, messire, reprit Guy ; Charles de Valois nous donne un sauf-conduit signé de sa main, et promet, sur son honneur, de nous ramener en Flandre sains et saufs.

Les seigneurs, qui connaissaient la loyauté du comte de Valois, regardèrent sa promesse comme une garantie suffisante et continuèrent de s’entretenir avec Guy. Sur ces entrefaites, Didier Devos se glissa hors de la salle, et alla se promener tout songeur dans la cour.

Peu de temps après, le pont-levis s’abaissa et Ro-