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éclos et a grandi dans vos cœurs, à votre insu à tous deux. Eh bien, je veux vous égaler en générosité : que l’illustre sang des comtes de Flandre s’allie au sang de la noble famille de Nieuwland ; que notre glorieux lion brille sur votre écusson… Je vous donne pour épouse ma bien-aimée Mathilde !


Un seul cri, le nom d’Adolphe, s’échappa des lèvres de Mathilde ; mais elle saisit la main du jeune chevalier, et, toute tremblante d’émotion, le regarda fixement dans les yeux ; puis elle se mit à verser des larmes plus abondantes, mais c’étaient des larmes de joie maintenant. Le jeune chevalier ne prononça pas une parole non plus ; son bonheur était trop grand pour qu’il pût l’exprimer. Seulement son regard se porta plein d’amour sur Mathilde, plein de reconnaissance sur Robert, et s’éleva ensuite plein de gratitude vers le ciel.

Depuis quelques instants un grand tumulte se faisait entendre à la porte extérieure de l’abbaye. On eût dit la voix confuse et puissante d’une émeute populaire. Ce tumulte grandissait de plus en plus et était dominé, par intervalles, par de joyeuses acclamations. Une religieuse vint annoncer qu’une foule considérable se trouvait rassemblée devant la porte du monastère, et que cette foule demandait à grands cris à voir le chevalier à l’armure dorée. Lorsque la porte de la salle fut ouverte, le chevalier put entendre distinctement.