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— Nous quitter ! s’écria Jean Borlunt avec incrédulité ; vous retournez en France ? Oh ! ne le faites pas, noble comte, on se vengerait sur vous de la défaite essuyée.

— Je vous le demande, messires, interrompit Robert, en est-il un seul parmi vous qui, par crainte de la mort, consentirait à manquer à son serment et à sa foi de chevalier !

Tous baissèrent la tête sans prononcer un mot ; ils comprenaient avec tristesse que rien ne pouvait retenir le comte. Celui-ci poursuivit :

— Messire de Coninck, votre haute sagesse nous a été et nous sera encore d’un grand secours ; nous vous appelons dans notre conseil et désirons que vous vous fixiez à notre cour. Messire Breydel, votre bravoure et votre dévouement méritent une haute récompense ; soyez, dès maintenant et pour toujours, le commandant supérieur de tous vos concitoyens en état de porter les armes pour notre service. De plus vous appartenez aussi désormais à notre cour, et vous pourrez y résider si cela vous convient. Et vous, Adolphe, vous, mon jeune ami, vous avez droit à une récompense plus grande encore. Tous nous avons été témoins de votre intrépide courage ; vous vous êtes montré digne du noble nom de vos pères : je n’ai pas oublié votre admirable dévouement. Je sais avec quelle sollicitude, avec quel amour vous avez protégé et consolé ma pauvre enfant dans son malheur ; je sais quel pur et ardent sentiment est