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héroïques une intrépidité devant laquelle tout devait céder, et vos bras, armés par une légitime vengeance, ont abattu nos tyrans. La liberté est chère au peuple qui l’a conquise au prix de son sang. Maintenant tous les princes du Midi ne pourraient faire peser un seul instant sur les Flamands le joug de l’esclavage ; car vous mourriez tous avant d’être vaincus ; mais nous n’avons plus à craindre cela. La Flandre s’est élevée aujourd’hui au-dessus de toutes les autres nations, et c’est à vous, qui avez si valeureusement combattu pour elle, que la patrie doit cette insigne gloire. Maintenant nous voulons que la paix et la tranquillité récompensent nos sujets de leur loyal et généreux dévouement ; ce sera un bonheur pour nous d’être salués par tous du nom de père, si notre affectueuse sollicitude et nos soins incessants pour le bonheur de tous peuvent nous rendre digne de ce titre si doux. Toutefois, s’il arrivait que les étrangers osassent revenir, ils retrouveraient le Lion de Flandre qui vous mènerait derechef à la bataille. Nous vous prions, messires, dès que vous serez de retour dans vos domaines, de calmer les esprits et de ramener partout la tranquillité, pour que la victoire ne soit souillée par aucun excès ; et, surtout, ne souffrez pas que le peuple entreprenne de persécuter les léliards ; c’est à nous qu’il appartient d’en faire justice. Nous sommes obligé de vous quitter. En notre absence, vous obéirez à notre frère Guy comme à votre seigneur et comte.