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Après cette courte prière, elle se releva vivement et, transportée de joie, se jeta dans les bras de son père.

— Il vivra ! il ne mourra pas ! dit-elle avec ravissement : oh ! je suis heureuse maintenant ! et, pendant un instant, elle s’appuya, épuisée par l’émotion, sur la poitrine de Robert. Mais bientôt elle revint à Adolphe et se mit à échanger avec lui de joyeuses paroles.

Ce que tous regardaient comme un miracle était une conséquence de l’état d’Adolphe. Il n’avait ni blessures apparentes, ni lésions graves, mais seulement de nombreuses meurtrissures et contusions ; les cruelles souffrances que lui causaient celles-ci avaient donné naissance à une fièvre dangereuse qui devait l’emporter ; mais la présence de Mathilde avait doublé son énergie morale, dissipé cette fièvre mortelle, et, grâce à cette bienheureuse intervention, il échappait à la tombe qui déjà s’ouvrait béante devant lui.

Robert de Béthune laissa sa fille transportée de bonheur à genoux auprès d’Adolphe, et, s’approchant des chevaliers, leur parla en ces termes :

— Élite des plus nobles cœurs de la Flandre, vous avez remporté aujourd’hui une victoire dont le souvenir attestera à nos derniers neveux votre glorieuse bravoure ; vous avez montré au monde entier ce qu’il en coûte à l’étranger qui ose mettre le pied sur notre sol. L’amour de la patrie a donné à vos cœurs