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prêtre. Celui-ci, durant cette scène, avait attaché un œil perçant sur le blessé et avait épié toutes les émotions qui l’avaient frappé. Il prit la main d’Adolphe et consulta son pouls pendant que tous les spectateurs suivaient avec une inquiète sollicitude tous ses mouvements ; ils voyaient sur les traits du prêtre que tout espoir de salut n’était pas encore perdu pour le blessé. Le prêtre poursuivait silencieusement son examen : il souleva les paupières du blessé et promena la main sur sa poitrine découverte, après quoi, il se retourna vers les chevaliers qui l’entouraient et dit, du ton de la plus profonde conviction :

— Je vous déclare, messires, que la fièvre qui devait tuer ce jeune chevalier a disparu ; et il ne mourra pas.

Tous les assistants furent saisis d’une étrange émotion, et l’on eût dit que la bouche du prêtre venait de prononcer un arrêt de mort ; mais, bientôt la stupéfaction, qui les avait frappés de mutisme et d’immobilité, leur permit de témoigner leur joie par la parole et par le geste.

Marie avait répondu par un grand cri à la déclaration du prêtre et avait pressé convulsivement son frère dans ses bras. Mathilde tomba à genoux, leva les mains au ciel et s’écria :

— Merci, Dieu de bonté et de miséricorde, merci de ce que vous avez exaucé la prière de votre humble servante !