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médecin ; Guillaume de Juliers, Baudouin de Paperode et Jean Borlunt se tenaient à gauche, tandis que le comte Guy, Jean Breydel et les principaux chevaliers de l’armée flamande étaient debout au pied du lit, le front penché et l’œil fixé sur le blessé.

Breydel était horrible à voir : ses joues étaient labourées de sillons sanglants ; un linge, tout sanglant aussi, enveloppait la moitié de sa tête ; ses bras nus étaient tout souillés de fange et de sang, de même que ses vêtements déchirés ; sa hache émoussée était pendue à son côté. La plupart des autres chevaliers avaient aussi un membre ou l’autre enveloppé de bandages, et l’armure de tous portait les traces des coups terribles qui l’avaient frappée. Marie, en larmes, était agenouillée à côté de son frère ; elle avait saisi l’une de ses mains et la baignait de pleurs, tandis qu’Adolphe la regardait d’un œil éteint et égaré.

Dès que Robert et sa fille entrèrent dans la salle, tous les chevaliers furent saisis d’une vive émotion et d’un profond étonnement. Celui qui, à l’heure du péril, était survenu tout à coup comme un mystérieux sauveur, c’était le Lion de Flandre. Tous placèrent un genou en terre avec le plus profond respect et dirent :

— Honneur au Lion de Flandre, notre seigneur et comte !

Robert quitta sa fille, releva Jean Borlunt et le sire de Renesse et les baisa tous deux sur la joue ; il fit signe aux autres de se relever et dit :