Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/57

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Pas encore ! s’écria Gauthier de Lovendeghem, pas encore ! s’il en était ainsi, je briserais mon épée pour toujours. Mon seul seigneur et maître est le noble Guy de Dampierre !

— Messire de Lovendeghem, votre loyal et affectueux dévouement me touche au fond de l’âme ; mais reprenez votre sang-froid et écoutez-moi jusqu’au bout : monseigneur de Valois a conquis la Flandre à main armée, et l’a reçue en fief de son royal frère Philippe. C’est à sa générosité que je dois de me trouver encore au milieu de vous, à Wynendael ; c’est lui-même qui m’a appelé de Rupelmonde dans cette résidence. Bien plus, il a résolu de relever la maison de Flandre de son abaissement et de replacer sur mon front la couronne de comte. C’est de ce sujet que je dois vous entretenir ; car je vous viens demander pour cela aide et assistance.

À ces mots, l’étonnement des seigneurs, qui écoutaient Guy avec la plus vive attention, parvint à son comble. Il leur semblait incroyable que Charles de Valois voulût restituer le pays qu’il avait conquis. Ils se regardaient entre eux et ils regardaient le comte avec stupéfaction. Guy reprit après une courte pause :

— Messires, votre affection pour moi m’est connue, c’est pourquoi je m’adresse à vous avec le plein espoir que vous consentirez à la dernière prière que je vous adresserai. Après-demain, je pars pour la France : je vais me jeter aux pieds du roi ; mon désir est d’y être accompagné par vous.