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affaissa. La douce Mathilde enlaça son cou de ses deux bras ; puis elle contempla, avec un respect mêlé d’admiration, l’homme dont les traits produisaient sur elle un effet aussi salutaire que la vue de la Divinité, l’homme dont le noble sang coulait aussi dans ses veines, à elle, et qui l’aimait avec tant de tendresse. Elle écoutait, le sein palpitant, les douces paroles que cette voix aimée envoyait à son oreille :

— Mathilde, dit-il, ma fille bien-aimée, le Seigneur nous a longtemps éprouvés ; mais maintenant toutes nos souffrances touchent à leur fin : la Flandre est libre, la patrie est vengée, notre vieux Lion à mis en pièces les fleurs de lis. Ne crains plus rien, tous nos ennemis sont abattus ; les cruels soudards que Jeanne de Navarre avait envoyés contre nous sont morts.

La jeune fille recueillait avec une anxieuse avidité les paroles qui sortaient des lèvres de son père, elle le regardait fixement dans les yeux et souriait avec une étrange expression. La joie la transportait tellement qu’elle restait immobile et comme privée de sentiment. Après quelques instants, elle s’aperçut que son père ne parlait plus, et s’écria :

— Ô mon Dieu, la patrie est libre ! Les étrangers sont vaincus ! Et vous, mon père, vous me revenez ! Oh ! nous allons retourner dans notre beau Wynendael ; le chagrin n’attristera plus vos vieux jours, et quelle vie bonne et heureuse je vais passer auprès de vous, dans vos bras ! C’est un bonheur que je ne