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mands les épouvantèrent tellement qu’ils prirent la fuite en désordre de tous côtés : les bouchers en faisaient un horrible massacre. Guy de Saint-Pol, monté sur un bon cheval, échappa à ce danger de mort et s’enfuit précipitamment sans plus s’inquiéter de ses hommes. Le camp fut bientôt balayé ; quelques heures après, il n’y restait plus un seul Français vivant.

Ce fut ainsi que les Flamands conquirent les précieux vases d’or et d’argent et d’innombrables trésors que l’ennemi avait apportés avec lui.

Sur le champ de bataille la lutte n’était pas encore terminée : un millier de cavaliers environ, massés en un seul groupe, se défendaient encore et combattaient comme des lions, bien qu’ils fussent couverts de blessures ; parmi eux se trouvaient plus de cent nobles chevaliers qui ne voulaient pas survivre à cette défaite et frappaient d’estoc et de taille avec une rage aveugle dans les rangs des Flamands. Peu à peu ils furent refoulés sous les murs de la ville, à l’endroit dit Bittermeersch. Là, leurs chevaux tombèrent à la renverse dans le Rondnitbeek ou s’enfoncèrent dans la vase sur les bords de ce ruisseau ; les chevaliers, mis ainsi hors d’état de se servir de leurs montures, mirent pied à terre l’un après l’autre, et, s’étant reformés en cercle, combattirent à pied et tuèrent un grand nombre de Flamands, tandis qu’un plus grand nombre encore des leurs tombaient dans la fange. Le Bittermeersch n’était plus qu’une mare de sang