Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/548

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il prit un corps de deux mille fantassins et les mena vers le champ de bataille. Sur ces entrefaites, le nombre des Français engagés dans la lutte était tellement diminué, qu’il y avait de nombreux vides dans leur ligne de bataille, ce qui permit aux Flamands de les assaillir à la fois par devant et par derrière.

Le chevalier à l’armure dorée qui, grâce à sa propre taille et à la haute stature de son cheval, pouvait embrasser du regard tout le champ de bataille, remarqua le mouvement de Lebrun et comprit son intention. Il était évident pour lui que Saint-Pol voulait s’échapper avec le bagage de l’armée ; il s’approcha du comte Guy et lui fit connaître le dessein de l’ennemi. Quelques chevaliers furent envoyés sur-le-champ pour porter des ordres aux chefs des divers corps. Peu d’instants après, plusieurs d’entre ceux-ci se mirent en mouvement et se déployèrent dans toutes les directions. Messire Jean Borlunt se rapprocha avec ses Gantois des murs de la ville et attaqua Lebrun en flanc ; les bouchers, commandés par leur doyen Breydel, tournèrent le château de Nedermorschere et assaillirent par devant et par derrière le camp français.

Les troupes de Saint-Pol ne s’attendaient pas à cette agression ; elles étaient occupées à rassembler à la hâte les objets les plus précieux, quand apparut tout à coup sur leur tête la hache des bouchers, compagne de la mort. Les clameurs terribles des Fla-