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ruisseau avec quelques hommes intrépides, et tomba sur les troupes de Guy. Après un court combat dans lequel beaucoup de Flamands succombèrent, Robert d’Artois saisit le grand étendard de Flandre et en arracha un lambeau, avec la première griffe du lion[1]. Des exclamations furieuses s’élevèrent des rangs des Flamands :

— À mort ! à mort ! s’écria-t-on de toutes parts.

Le sénéchal s’efforçait d’arracher l’étendard des mains de Segher Lonke qui le portait ; mais le frère Guillaume, jetant son épée, s’élança sur le cheval de monseigneur d’Artois ; il noua ses bras au cou du comte et, appuyant ses deux pieds sur la selle, il tira Robert en arrière, avec tant de force, que le comte tomba à bas de son cheval ; — les deux adversaires roulèrent sur le sol. Sur ces entrefaites, les bouchers étaient accourus, et Jean Breydel, qui voulait venger l’outrage fait à l’étendard de Flandre, abattit d’un coup de hache le bras de Robert. L’infortuné sénéchal, se voyant en face de la mort, demanda s’il ne se trouvait pas là quelque gentilhomme à qui il pût rendre les armes ; mais les bouchers s’écrièrent qu’ils ne comprenaient pas sa langue et le frappèrent de leurs haches jusqu’à ce qu’il eût rendu l’âme.

Sur ces entrefaites, le frère Guillaume avait aussi terrassé le chancelier Pierre Flotte et levait son épée pour lui fendre la tête ; le chancelier demandait

  1. Voir la notice de Voisin.