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mêle. Alors un immense massacre commença sur toute la ligne de l’année ; les Flamands se mirent à tuer sans pitié ni merci, en franchissant les monceaux de cadavres tombés sous les coups des leurs pour atteindre d’autres ennemis. On ne criait plus « Noël ! » En ce moment, le formidable cri « : Flandre au Lion ! » retentissait sur tous les points, et les combattants étaient tellement étourdis par ces clameurs de triomphe qu’ils n’entendaient même plus le retentissement des coups portés par leurs propres armes.

Frère Guillaume, le moine, était descendu de cheval et combattait à pied ; tous ceux qui étaient à sa portée tombaient, frappés d’un coup mortel ; il faisait tournoyer son épée comme si c’eût été une plume, et bravait, par un ironique sourire, les ennemis qui l’assaillaient. On eût dit qu’il s’amusait à un jeu, car il était aussi gai et plaisantait autant que s’il eût combattu des enfants. Néanmoins, malgré sa dextérité, de nombreux coups d’épée tombaient sur sa cuirasse rouillée ; mais, tandis qu’un autre fût tombé sous chacun de ces coups, frère Guillaume restait debout, inébranlable, sur les cadavres des ennemis qu’il avait terrassés. Quiconque avait le malheur de toucher à lui tombait à l’instant sous sa formidable épée et payait son audace de sa vie. Tout à coup il aperçut à quelque distance messire Louis de Clermont avec sa bannière.

— « Flandre au Lion ! » s’écria frère Guillaume. Cet étendard est à moi !