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Le chevalier à l’armure dorée atteignit enfin les rangs français ; avant qu’on pût lui demander qui il venait combattre ou seconder, il s’élança sur le point où les cavaliers étaient le plus nombreux, et se mit à frapper de sa masse d’armes des coups si terribles que, saisis d’épouvante en présence d’un aussi redoutable ennemi, ils reculèrent en désordre pour échapper à ses atteintes. Tout tombait sous son formidable marteau, et il laissait derrière son cheval, dans les rangs ennemis, un vide comparable au sillage que laisse après lui un vaisseau ; en abattant ou en refoulant ainsi tous ceux qu’il rencontrait, il se rapprocha avec une merveilleuse rapidité des détachements flamands acculés sur les bords de la Lys, et s’écria :

— Flandre au Lion ! Suivez-moi ! Suivez-moi !

À ces mots, il renversa dans la fange un si grand nombre d’ennemis et déploya dans son œuvre de destruction une telle puissance, que les Flamands crurent de plus en plus voir en lui un être surnaturel.

Cette pensée ramena le courage dans leurs cœurs ; ils s’élancèrent en avant comme un seul homme, en poussant des acclamations triomphales, et suivirent le chevalier à l’armure dorée dans sa marche victorieuse. Les Français ne purent résister à ces hommes transformés en lions ; les premiers tournèrent le dos et voulurent s’enfuir, mais ils se heurtèrent aux chevaux de ceux qui les suivaient et tombèrent pêle-