Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/525

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fit défaut, son âme s’échappa avec son sang par la cruelle blessure qu’il avait reçue, et il tomba dans la poussière avec le glorieux trophée qu’il devait à son courage.

À l’aile gauche, la lutte était encore plus vive pour la division commandée par monseigneur Guy ; Jacques de Châtillon, à la tête de quelques milliers de cavaliers, avait attaqué le métier de Furnes, et plusieurs centaines de Flamands avaient succombé au premier choc. Eustache Sporkyn gisait, grièvement blessé, en arrière de la ligne de bataille et criait à ses hommes de ne pas céder ; mais la supériorité de l’ennemi qui les pressait était telle, qu’ils durent reculer. Suivi d’un grand nombre de cavaliers, de Châtillon perça la ligne de bataille, et la lutte s’engagea au-dessus du malheureux Sporkyn qui ne tarda pas à rendre l’âme.

Adolphe de Nieuwland était resté seul avec le comte Guy et son écuyer, si bien qu’ils étaient séparés du gros de l’armée, et devaient s’attendre à une mort certaine. De Châtillon fit tous les efforts possibles pour s’emparer du grand étendard de Flandre ; mais, bien que Segher Lonke, qui portait la bannière, eût été plusieurs fois renversé, le sire de Châtillon n’avait encore pu en arriver à son but ; transporté de rage, il éclatait en imprécations contre ses hommes et faisait pleuvoir des coups furieux sur l’armure des trois invincibles Flamands. Assurément ceux-ci n’eussent pu tenir longtemps contre une nuée d’en-