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— Arrière, hommes de France ! Guillaume de Juliers est de retour !

En même temps, il se mit à frapper vaillamment sur les ennemis, et en coucha si bon nombre dans la poussière, que les autres reculèrent, ce qui donna aux rangs flamands le temps de se reformer.

Raoul de Nesle, avec la plus grande partie de sa cavalerie, était tombé sur les cinq mille Gantois de messire Borlunt. En vain le courageux guerrier français s’était efforcé de percer cette troupe ; trois fois les Gantois, sans rompre leurs rangs, l’avaient repoussé en lui faisant perdre beaucoup de monde. Jean Borlunt, jugeant qu’il serait très-désavantageux qu’il quittât sa place pour attaquer le corps de Raoul de Nesle, s’avisa d’un autre moyen. Il prit les trois derniers rangs de ses hommes et en forma deux nouveaux détachements qu’il disposa, derrière la ligne de bataille, de telle façon qu’une extrémité de ces corps touchait à l’armée et l’autre se trouvait plus loin dans la campagne. La division centrale, qui occupait l’espace compris entre les deux autres, reçut de Jean Borlunt l’ordre de reculer au premier choc des Français.

Raoul de Nesle, ayant rallié en ordre ses cavaliers, tomba de nouveau au grand galop sur les Gantois ; en même temps, le corps central recula, et les Français, croyant avoir rompu la ligne de bataille, se mirent à crier avec joie :

— Noël ! Noël ! Victoire ! Victoire !