Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/520

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Honte aux traîtres !

Les Brabançons, voulant venger cet outrage, tombèrent sur l’ennemi avec un redoublement de rage, et firent des efforts inouïs pour déchirer la bannière de Guillaume de Juliers à titre de représailles ; mais le porte-étendard, Jean Ferrand, se défendait avec fureur contre tous ceux qui l’approchaient. Quatre fois il fut renversé, et quatre fois il se releva avec l’étendard, bien qu’il fût couvert de blessures.

Guillaume de Juliers avait déjà fait mordre la poussière à un grand nombre de Français ; chaque coup de sa gigantesque épée donnait la mort à un ennemi. Épuisé par la durée et la violence de la lutte meurtri de coups, le nez et la bouche en sang, il pâlit tout à coup et sentit que ses forces l’abandonnaient. En proie à un vif dépit, il se retira derrière la ligne de bataille pour se remettre un peu. Jean de Vlamynck, son écuyer, défit les courroies de sa cuirasse et le déchargea de ses armes pour lui permettre de respirer plus librement.

Durant l’absence de Guillaume, les Français avaient regagné un peu de terrain, et les Flamands semblaient sur le point de battre en retraite. À cette vue, Guillaume, saisi de douleur, se répandit en plaintes désespérées. Jean de Vlamynck imagina une ruse qui prouve combien la bravoure de son maître était en renommée. Il revêtit l’armure complète de Guillaume, et, se jetant au milieu des ennemis, il s’écria :