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gneur ! On serait tenté de croire que vous avez oublié toute parole de consolation ; car vos discours sont toujours si désolants qu’ils me font frémir : jusqu’à mon faucon qui a peur de votre voix, tant elle est creuse et lamentable ! Cela n’est pas bien à vous, monseigneur, d’augmenter ainsi notre tristesse.

Guillaume regarda la jeune fille avec un regard qui semblait implorer son pardon ; et dès que Mathilde eut vu ce regard mélancolique et désolé, elle courut à lui et saisit tendrement une de ses mains dans les siennes.

— Oh ! pardonnez-moi, cher Guillaume ! dit-elle ; je vous aime de tout mon cœur, mais aussi vous ne devriez pas m’attrister toujours par ce vilain mot de mort que vous faites sans cesse retentir à mon oreille. Pardonnez-moi, je vous en prie !

Avant que Guillaume eût eu le temps de répondre, elle était retournée au bout de la chambre et avait repris son amusement, bien qu’elle ne cessât pas encore de pleurer.

— Mon fils, dit Guy, ne te laisse pas émouvoir par les paroles de Mathilde. Tu sais combien elle est franche et expansive.

— Je lui pardonne de tout mon cœur, mon père. Le chagrin qu’elle vient de témoigner, à propos de la mort présumée de Philippine, a été pour moi une consolation.

À ces mots, Guillaume rouvrit son livre et lut à haute voix cette fois :