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lait les siens par son exemple ; mais une flèche de fer perça la visière de son casque et le renversa sans vie. Les Flamands, voyant leur chef tomber à côté d’un si grand nombre des leurs, et n’ayant plus de cailloux à lancer, se replièrent sans désordre sur le gros de l’armée : un seul frondeur de Furnes resta seul au milieu de la prairie, comme s’il voulait braver les traits des Français. Il était là, immobile, impassible, bien que les flèches sifflassent au-dessus de sa tête et autour de lui. Il plaça lentement une lourde pierre dans sa fronde et visa attentivement le but qu’il voulait atteindre. Il fit décrire à sa fronde quelques tours rapides, lâcha la courroie, et la pierre vola, en sifflant, dans les airs. — Un cri de douleur s’échappa du sein du chef français, qui tomba sans vie sur le sol ; son casque, brisé sous la violence du coup, n’avait pu protéger son crâne. Messire Jean de Barlas gisait dans son sang ; ainsi périrent, dans le même engagement, les chefs des deux corps ennemis.

En voyant tomber leur commandant, les arbalétriers furent saisis d’une telle fureur, qu’ils jetèrent leurs arbalètes, mirent l’épée au poing, se précipitèrent impétueusement sur les Flamands et les poursuivirent jusqu’au second ruisseau qui servait de retranchement à l’armée ennemie.

Messire Valepaile, qui se trouvait auprès du comte d’Artois, s’écria en voyant ce succès des arbalétriers :

— Oh ! monseigneur le comte, ces misérables