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Le premier détachement de cavalerie s’élança impétueusement en avant, jusqu’aux bords du Mosscherbeek, mais là, les cavaliers s’enfoncèrent jusqu’à la selle dans la fange. Ils se précipitèrent les uns sur les autres, si bien que les premiers tombèrent de cheval et furent tués par les Flamands ou périrent engloutis par les marais. Ceux qui échappèrent, rebroussèrent chemin en toute hâte, et n’osèrent plus s’exposer aussi témérairement[1]. Durant ce temps, l’armée flamande restait immobile derrière le second ruisseau et contemplait, dans le plus profond silence, le désastre éprouvé par l’ennemi.

Le connétable Raoul, voyant que le passage était impraticable pour sa cavalerie, vint trouver monseigneur d’Artois et lui dit :

— Je vous dis en vérité, seigneur comte, que nous mettons nos gens en grand péril, en les lançant ainsi sur ce ruisseau ; pas un cheval ne veut ni ne peut le franchir. Cherchons plutôt à faire quitter sa position à l’ennemi ; croyez-moi, vous risquez notre vie à tous, à ce jeu.

Mais le général en chef était trop irrité pour prêter l’oreille à ce sage conseil ; il s’écria avec colère :

  1. Les premiers cavaliers qui, en arrivant dans la plaine, voulurent franchir le ruisseau, s’enfoncèrent jusqu’à la selle dans la fange et furent percés par les flèches des archers flamands. (Voisin.)