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du Louvre ! Ne la voyez-vous pas, pâle comme la mort, frêle et étiolée comme une fleur mourante… Ne la voyez-vous pas tendre ses bras vers Dieu ? Ne l’entendez-vous pas s’écrier : mon père ! mes frères ! délivrez-moi ! je meurs sous le poids des chaînes… Voilà ce que je vois, ce que j’entends au fond de mon cœur… ce qui retentit dans mon âme… et je cesserais de pleurer !…

Mathilde, qui avait à demi entendu cette réponse, désolée, posa précipitamment son faucon sur le dossier d’un siége et tomba, en fondant en larmes, aux pieds de son grand’père ; elle appuya le front sur les genoux de Guy et s’écria en sanglotant :

— Ma chère tante, est-elle donc morte ? Ô mon Dieu, quel chagrin ! Est-elle bien morte ? Ne la reverrai-je plus jamais ?

Le comte la releva tendrement et lui dit avec bonté :

— Calme-toi, ma chère fille ; ne pleure pas ; Philippine n’est pas morte.

— Pas morte ? demanda la jeune fille étonnée ; pourquoi donc monseigneur Guillaume parle-t-il de mort ?

— Tu ne l’as pas compris, répondit le comte ; rien n’est changé dans la situation de Philippine.

Mathilde, tout en séchant ses larmes, jeta un regard de reproche sur Guillaume, et dit en sanglotant encore :

Vous m’attristez toujours sans raison, monsei-