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tractés par la colère. Un sourd murmure, semblable au grondement de l’ouragan dans les profondeurs d’une caverne, s’éleva du sein de l’armée ; tous les cris, tous les serments se confondirent en une formidable clameur où l’on ne distinguait que ces mots :

— Nous voulons et nous saurons mourir !

On se remit sur le champ en bataille sur le bord du ruisseau de Groningue.

Sur ces entrefaites, Robert d’Artois s’était approché, avec quelques officiers français, à peu de distance du camp flamand, pour faire une reconnaissance. Ses archers furent immédiatement mis aux prises avec les frondeurs de Guy, et les avant-gardes des deux armées échangèrent des flèches et des pierres, tandis que Robert faisait avancer sa cavalerie. Voyant que Guy avait rangé ses troupes sur une seule ligne, il partagea son armée en trois corps ; le premier, sous les ordres de Raoul de Nesle, était fort de dix mille hommes ; le deuxième, commandé par Robert lui-même, se composait des meilleures troupes et s’élevait au nombre de quinze mille cavaliers d’élite ; le troisième, qui formait arrière-garde et avait pour mission spéciale de défendre le campement, était placé sous le commandement de Guy de Saint-Pol. Au moment où le commandant en chef était prêt à lancer ces formidables forces contre l’armée flamande, le sire Jean de Barlas, chef des troupes étrangères, s’approcha de lui et lui parla en ces termes :