Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/506

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de l’autel, se retourna et éleva les mains au-dessus de l’armée[1].

Tout à coup, et d’un seul mouvement, tous fléchirent le genou sur le sol et reçurent, dans un solennel silence, la bénédiction suprême. Cette imposante cérémonie émut vivement tous les cœurs ; un sentiment inconnu éveilla chez tous une noble abnégation personnelle, et il leur sembla que la voix de Dieu les appelait à la mort des martyrs. Remplis d’un feu sacré, ils oublièrent tout ce qui leur était cher au monde et furent saisis d’un enthousiasme qui les éleva au rang des héros, leurs ancêtres. Leur poitrine se gonfla et s’élargit, le sang circula impétueusement dans leurs veines, et ils aspirèrent au combat comme à la délivrance.

Quand le prêtre abaissa les mains, tous se relevèrent silencieusement ; le jeune Guy sauta à bas de son cheval, s’avança au milieu du carré et s’écria :

— Flamands ! souvenez-vous des glorieux faits de vos pères ; — ils ne comptaient pas leurs ennemis. Leur intrépide courage conquit cette liberté dont la tyrannie étrangère veut nous dépouiller. Vous aussi, vous verserez aujourd’hui votre sang pour cette

  1. Du prêtre montra alors le Saint-Sacrement à toute l’armée et donna une bénédiction générale. En ce moment solennel, tous s’agenouillèrent, et, ramassant un peu de terre du sol de la patrie, portèrent cette terre à leurs lèvres. (Voisin.)