Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/502

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

basses dont le sol était humecté et détrempé par le ruisseau, dit Mosscher, qui y dessinait ses méandres. La cavalerie française avait donc à franchir au moins deux petites rivières avant de pouvoir agir efficacement, et il n’était pas facile de surmonter ces obstacles, parce que les pieds des chevaux ne pouvaient trouver de point d’appui sur les bords marécageux des cours d’eau, et devaient s’y enfoncer jusqu’aux genoux.

Le général français s’y prit comme s’il avait à livrer bataille sur un terrain ferme, et forma son plan contrairement à toutes les lois de l’art de la guerre, tant il est vrai que l’excès de confiance rend imprudent l’homme le plus habile.

Dès le point du jour, avant que le soleil montrât son disque à l’horizon, les Flamands étaient rangés en bataille au bord du ruisseau de Groningue. Monseigneur Guy commandait l’aile gauche et avait sous ses ordres les métiers les moins importants de Bruges ; Eustache Porkyn, avec les gens de Furnes, occupait le centre de ce corps ; le deuxième corps avait pour chef messire Jean Borlunt, et comptait cinq mille Gantois ; le troisième, commandé par Guillaume de Juliers, était formé des tisserands et des affranchis de Bruges ; l’aile droite, qui touchait aux murs de Courtray, comprenait les bouchers, qui avaient à leur tête Jean Breydel, et les hommes venus de la Zélande ; mes sire Jean de Renesse les commandait. Les autres chevaliers flamands n’avaient pas de poste déterminé ; ils