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téméraires, ils auraient commencé par explorer le champ où ils devaient combattre et en auraient calculé les avantages et les désavantages. Ils se fussent aperçus, alors, que le terrain qui séparait les deux armées rendait leur cavalerie impuissante et inutile ; mais à quoi pouvait leur servir cette précaution superflue ? L’armée flamande valait-elle la peine qu’on eût recours à la prudence ? Robert d’Artois ne le pensait pas.

L’armée flamande avait pris position dans la plaine de Groningue. Derrière elle, du côté du nord, passait la Lys, large rivière qui rendait toute attaque impossible de ce côté ; en avant, coulait le ruisseau de Groningue qui, par sa largeur et ses rives basses et marécageuses, présentait à la cavalerie française un obstacle insurmontable ; l’aile droite s’appuyait sur la partie des remparts de Courtray qui avoisine l’église Saint-Martin ; l’aile gauche était enfermée dans une sinuosité du ruisseau de Groningue[1], de manière que les Flamands se trouvaient en quelque sorte sur une île et qu’il était difficile de les attaquer dans cette position. La distance qui les séparait de l’armée française était occupée par des prairies

  1. Le ruisseau de Groningue qui, d’après les chroniques du temps, avait alors trente pieds de largeur, n’est plus aujourd’hui qu’un mince filet d’eau, qui, de même que le ruisseau de Gavre, sort des prairies bourbeuses, dépendant d’une ferme voisine de la ville.