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percevait facilement, à la régularité de leur équipement et à leur attitude, que c’étaient des hommes d’élite et parfaitement exercés. Au premier rang le porte-drapeau portait le grand étendard de Navarre.

Le comte Robert d’Artois s’était réservé le commandement de la troupe qui formait le centre de l’armée. Tous les chevaliers qui n’avaient pas amené d’hommes ou qui les avaient placés dans d’autres corps se trouvaient avec lui ; les rois de Majorque et de Mélinde chevauchaient à ses côtés. Parmi les autres on pouvait reconnaître, à sa magnifique armure, Thibaut, duc de Lorraine ; on y remarquait aussi les étendards renommés de Jean, comte de Tancarville, d’Angelin de Vimeux, de Renaud de Longueval, du sire de Reims, d’Arnould de Wesemael, maréchal de Brabant, de Robert de Montfort et d’une multitude d’autres qui s’étaient formés en un corps spécial. Ce corps dépassait le troisième en magnificence : les casques des chevaliers étaient argentés ou dorés, et leurs cuirasses étaient ornées de clous d’or. Le soleil, en lançant ses ardents rayons sur l’acier resplendissant de leur armure, changeait la noble troupe en un éblouissant foyer de lumière. Les épées de combat, suspendues aux selles, obéissaient aux mouvements des chevaux et choquaient avec un bruit retentissant le caparaçonnement de fer, de quoi résultait une sorte de musique guerrière qui accompagnait continuellement la marche des chevaliers.