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tentissements sinistres. Quelques heures après, toutes les tentes étaient roulées et chargées sur les voitures : tout était prêt. Il manquait bien encore un grand nombre de soudards occupés à piller çà et là, mais leur nombre ne pouvait se remarquer dans une armée aussi considérable. Chaque chef se mit à la tête de sa troupe, les chevaliers se réunirent en deux corps, et l’armée sortit des retranchements dans l’ordre suivant :

Le premier détachement qui franchit les limites du camp se composait de trois mille hommes d’élite montés sur de légers chevaux ; ils tenaient à la main une hache d’armes, et de longues épées étaient suspendues à leur selle. Leur armure n’était pas aussi pesante que celle des autres cavaliers ; c’est pourquoi ils formaient l’avant-garde, comme destinés aux premières escarmouches. Immédiatement après eux venaient quatre mille archers à pied ; ils s’avançaient gravement, en rangs serrés, et en garantissant leur visage des rayons du soleil par leurs grands boucliers ; leurs carquois étaient remplis de flèches, et une courte épée sans fourreau étincelait à leur ceinture : ils venaient du midi de la France ; plus de la moitié d’entre eux étaient Espagnols ou Lombards. Jean de Barlas, un valeureux homme de guerre, passait à cheval de l’un à l’autre de ces détachements dont il était le chef.

Le deuxième corps était sous les ordres de Renaud de Trie, et comptait trois mille deux cents hommes