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château. Nos vivres et nos flèches sont épuisés, et nous avons déjà commencé à manger nos plus mauvais chevaux. Si monseigneur tarde un jour encore à venir délivrer messire de Lens, tous les Français qui sont à Courtray y perdront la vie ; car il n’y a pas d’issue pour s’échapper. Messires de Lens, de Mortenay et de Rayecourt vous supplient humblement de les sauver de ce grand péril[1].

— Messires, s’écria Robert d’Artois, voilà une belle occasion, nous ne pouvions souhaiter mieux : tous les Flamands se sont réunis sous les murs de Courtray. Nous allons tomber sur eux, et il ne s’en échappera pas beaucoup : les pieds de nos chevaux feront justice de cette race maudite ; et vous, héraut, demeurez au camp, demain vous serez avec nous à Courtray. Et, maintenant, encore un dernier coup, messires ! allez et préparez vos hommes à se mettre en marche ; nous allons partir bientôt.

Au bout de peu d’instants, tous les convives quittèrent la tente pour remplir les ordres de leur chef. Les trompettes retentirent sur tous les points du camp pour appeler les soudards sous les armes ; les chevaux hennissaient, les armes se heurtaient bruyamment, et de toutes parts s’élevaient des re-

  1. Néanmoins, cette résistance opiniâtre ne pouvait sauver la citadelle de Courtray, d’autant plus que la garnison manquait de vivres ; c’est pourquoi le châtelain, ayant trouvé le moyen d’envoyer un messager au comte d’Artois, pria instamment celui-ci de venir, sans délai, à son secours. (Voisin.)