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Les chevaliers français s’étaient remis à table et continuaient à boire tranquillement. Tandis qu’ils s’entretenaient de l’audacieuse témérité de Hugues, entra dans la tente un héraut d’armes qui s’inclina respectueusement devant eux : ses vêtements et ses armes étaient couverts de poussière, et la sueur découlait de son front. Tout attestait qu’il s’était fort hâté et avait couru de façon à être, pour ainsi dire, hors d’haleine. Les chevaliers le considéraient avec une vive curiosité pendant qu’il tirait un parchemin de dessous sa cuirasse. Il tendit ce parchemin au comte d’Artois et dit :

— Monseigneur, cet écrit vous est adressé de Courtray par messire de Lens, pour vous faire part de la grande détresse dans laquelle nous sommes.

— Comment ! s’écria le comte d’Artois avec impatience, messire de Lens ne sait-il pas défendre la citadelle de Courtray contre une poignée de manants à pied ?

— Permettez-moi de vous dire que vous vous trompez, monseigneur, répondit le messager. Les Flamands ont une armée qui n’est pas à dédaigner ; c’est comme s’ils s’étaient réunis par enchantement, — ils sont plus de trente mille et ont des chevaux et des machines de guerre en quantité ; ils construisent de formidables engins pour faire le siége du

    on n’accepta pas son offre, et Butterman, irrité, passa du côté des Flamands où il fut reçu avec une grande joie. (Voisin.)