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prolonge pas jusqu’au coucher du soleil, j’irai vous trouver dès le même soir.

— Ne vous donnez pas cette peine, répondit Hugues, je vous rencontrerai plus tôt que vous ne le pensez.

Les deux adversaires échangèrent encore quelques menaces, mais cela n’alla pas plus loin.

— Messires, dit le roi Sigis, n’en parlons pas davantage. Remplissons derechef les coupes et oubliez pour le moment votre ressentiment. Asseyez-vous, messire d’Arckel.

— Non, non, s’écria Hugues, je ne m’assieds pas ; je quitte l’armée sur-le-champ. Adieu, messires ; nous nous reverrons sur le champ de bataille : Dieu vous ait en sa garde !

À ces mots, il sortit de la tente et réunit sans tarder ses huit cents hommes ; peu de temps après on entendit le son des trompettes et le cliquetis des armes d’une troupe qui se mettait en marche. Hugues d’Arckel quittait le camp français, et, dès le même soir, il arrivait chez les Flamands auxquels il offrit ses services. On comprend avec quelle joie il fut accueilli, car lui et ses hommes avaient la réputation d’être invincibles et ils la méritaient[1].

  1. On y remarquait encore le chevalier Hugues d’Arckel, surnommé Butterman ; à une stature gigantesque il joignait une force prodigieuse. Il commandait à une troupe de valeureux hommes d’armes, et avait d’abord offert ses services au roi de France ; mais, comme il demandait une paye trop élevée,