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qui consentissent à charger leur conscience d’aussi horribles forfaits.

— Vous me ferez raison, je le veux, vous dis-je !

— Et moi, je ne le veux pas ! répondit Hugues. Écoutez, monseigneur d’Artois, vous m’avez déjà dit que mes hommes réclament une paye trop élevée et vous coûtent trop cher ; eh bien, vous n’aurez plus à les payer désormais, je ne veux plus servir dans votre armée : voilà notre différend clos.

Tous les chevaliers et le comte d’Artois lui-même furent vivement impressionnés par cette déclaration, car ils regardaient le départ de Hugues comme une véritable perte. Le Zélandais repoussa son siége en arrière et s’écria en jetant sur la table un de ses gants :

— Messires, je vous dis à tous que vous mentez ! je vous insulte en pleine face. Voilà mon gant : le relève qui veut ! Je le provoque en combat singulier.

La plupart des chevaliers, y compris Raoul de Nesle, s’élancèrent pour saisir le gant ; mais Robert d’Artois y avait mis tant de promptitude qu’il l’avait saisi avant tout autre.

— J’accepte votre défi, dit-il ; allons !

Le vieux roi Sigis de Mélinde se leva et appuya sa main sur la table en faisant signe qu’il voulait parler. Le profond respect que les deux champions ressentaient pour lui les contint ; ils se turent pour l’écouter. Le vieillard parla en ces termes :