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serfs français de la Normandie et en repeuplerai mes terres.

— De cette façon, la Flandre pourrait bien devenir une partie de la France, répartit monseigneur d’Artois ; c’est une bonne idée, et je la soumettrai au roi pour qu’il engage les autres vassaux à recourir au même moyen. Je crois qu’il ne serait pas difficile de les décider.

— Assurément non, messire. Ne trouvez-vous pas mon idée excellente ?

— Oui, oui, nous y songerons ; mais commençons par faire place nette.

Les traits de Rodolphe de Nesle se contractèrent sous l’influence d’un dépit concentré ; les paroles qu’il venait d’entendre lui déplaisaient souverainement, car son généreux caractère se révoltait contre une telle cruauté.

— Mais, monseigneur d’Artois, dit-il avec vivacité, je vous le demande, sommes-nous, oui ou non, chevaliers, et l’honneur n’exige-t-il de nous rien de plus que d’agir avec plus de rigueur que si nous avions affaire aux Sarrasins ? Vous poussez la cruauté trop loin ; je vous assure qu’une telle conduite serait pour nous un opprobre devant le monde entier. Livrons bataille à l’armée flamande et remportons la victoire, cela suffit ! Et ne dédaignez pas trop ce peuple, il nous donnera passablement de besogne ; et puis, ces gens ne sont-ils pas sous le commandement du fils de leur souverain ?