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une salle plus petite, carrée également, mais toute différente des autres. Sur la tapisserie, qui couvrait les murailles, on voyait toute l’histoire de la sixième croisade, représentée par des personnages qui semblaient vivants. D’un côté apparaissait le comte Guy, bardé de fer de la tête aux pieds et environné de ses chevaliers, auxquels il présentait la sainte croix. Dans le fond une troupe d’hommes d’armes se mettait en marche. L’autre côté représentait la bataille de Massoura, qui eut lieu en 1250 et où les chrétiens furent victorieux. Saint Louis, roi de France, et le comte Guy, étaient reconnaissables entre tous à leurs bannières. Le troisième côté offrait une scène affreuse. Une multitude de chevaliers chrétiens frappés de la peste, gisaient mourants sur un sol nu et aride, au milieu des restes défigurés de leurs compagnons morts et des cadavres de leurs chevaux !… De sinistres corbeaux planaient au-dessus de la malheureuse armée, et attendaient qu’un guerrier rendît le dernier soupir, pour se repaître de sa chair. Le quatrième côté présentait un spectacle plus gai. C’était le joyeux retour du comte de Flandre dans ses États. Sa première femme, Fogaest de Béthune, la tête appuyée sur son sein, versait des larmes de bonheur, tandis que ses deux fils, Robert et Baudoin, pressaient affectueusement ses mains. Ce retour était le dernier tableau.

C’était dans cette chambre, près de la cheminée de marbre dans laquelle brûlait un petit feu de bois,