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Non loin de ceux-ci on admirait la grande stature du Zélandais Hugues d’Arckel ; sa tête dépassait celle de tous les autres chevaliers, et sa robuste et puissante carrure disait assez combien un tel combattant devait être redoutable sur le champ de bataille. Depuis de longues années, ce chevalier n’avait eu d’autre demeure que les camps ; renommé en tous lieux pour sa valeur et ses beaux faits d’armes, il avait rassemblé une troupe de huit cents hommes intrépides et se rendait avec ceux-ci dans tous les pays où il y avait occasion de se battre. Maintes fois, il avait fait pencher la victoire du côté du prince qu’il servait, et il était couvert de blessures aussi bien que ses hommes. Cette lutte continuelle faisait sa vie et son bonheur ; il ne pouvait endurer le repos. Il s’était joint à l’armée française, parce qu’il y avait trouvé un grand nombre de frères d’armes : comme il n’était poussé que par son penchant à guerroyer, peu lui importait pour qui ou pour quoi il allait combattre.

Parmi les convives se trouvaient encore, entre autres, les sires Simon de Piémont, Louis de Beaujeu, Froald, châtelain de Douai et Alain de Bretagne.

D’autres chevaliers occupaient le bas bout de la table. Comme si les Français ne voulaient pas se mêler à eux, ils étaient assis ensemble à la place la moins honorable. Et les Français n’avaient pas tort, en vérité, ces chevaliers ne méritaient que leur mépris ; tandis que leurs vassaux, comme de