Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/477

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nente. Quels flots de sang ne criaient pas vengeance au ciel contre ce tyran ! Il se rappelait comment les Brugeois l’avaient chassé de leur ville après l’avoir accablé d’outrages, et se promettait de terribles représailles ; il lui semblait impossible que les Flamands pussent résister à la puissance de tant de rois, de princes et de comtes conjurés contre eux ; aussi se réjouissait-il déjà dans son cœur, et sa physionomie était-elle joyeuse et épanouie.

Après lui venait son frère Guy de Saint-Pol, non moins avide de vengeance que lui ; puis Thibaut, comte de Lorraine, entre les sires Jean de Barlas et Renaud de Trie ; ils étaient venus prêter aide aux Français, avec six cents chevaux et deux mille archers. Rodolphe de Nesle, un brave et généreux chevalier, était placé à côté de messire Henri de Ligny, du côté gauche de la table ; le mécontentement et la tristesse se peignaient sur son visage, et l’on voyait que les cruelles menaces proférées autour de lui à l’adresse des Flamands ne rencontraient nullement sa sympathie. Au centre, du côté droit, entre Louis de Clermont et le comte Jean d’Aumale, se trouvait Godefroi de Brabant, qui avait amené aux Français un renfort de cinq cents chevaux[1].

  1. L’armée française s’élevait au delà du chiffre de cinquante mille hommes ; elle était devenue plus forte encore, et avait reçu dans ses rangs un grand nombre de Brabançons, parmi lesquels on distinguait Godefroi, oncle du duc de Brabant. (Voisin.)