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ni un couvent, ni même un arbre ; tout était rasé et détruit. Ni l’âge ni le sexe ne fut respecté : les femmes et les enfants furent mis à mort, et leurs corps furent abandonnés sans sépulture aux oiseaux de proie.

Ce fut ainsi que les Français ouvrirent leur expédition. Ni la moindre crainte, ni le moindre remords ne vint les arrêter dans leur œuvre de destruction ; pleins de confiance dans leur nombre et dans leur force, ils s’estimaient sûrs de vaincre, mais leur conduite en était d’autant plus condamnable, et toute la Flandre devait subir le même sort, ils l’avaient juré !

Le matin même où Guy récompensait les fidèles services de de Coninck et de Breydel, le général français avait invité les principaux d’entre les chevaliers qui l’accompagnaient à un splendide banquet.

La tente du comte d’Artois était très-longue, très-large et partagée en différents compartiments ; il s’y trouvait des appartements pour les chevaliers de sa suite, des chambres pour les pages et les écuyers, pour les serviteurs de la bouche, et pour nombre d’autres gens attachés à sa personne. Au centre de la tente se trouvait une vaste salle destinée aux festins et aux réunions du conseil de guerre, et qui pouvait contenir un grand nombre de chevaliers. La soie rayée, qui recouvrait ce pavillon, était semée d’innombrables fleurs de lis. Sur la façade, au-