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trop forte impression ; il se tenait debout, immobile, en proie à un trouble indicible, et sachant à peine se rendre compte de ce qui se passait.

— Vous pouvez rejoindre vos hommes, messires, dit Guy, nous espérons vous voir, dès ce soir, dans notre conseil ; nous devons avoir avec vous un long entretien. Faites rentrer vos troupes dans leurs campements.

De Coninck s’inclina respectueusement et s’éloigna ; Breydel en fit autant, mais à peine avait-il fait quelques pas qu’il sentit les armes pesantes, dont il était revêtu, l’étreindre de toutes parts : il revint précipitamment vers Guy et dit :

— Noble comte, j’ai encore une grâce à vous demander.

— Parlez, messire Breydel, elle vous sera accordée.

— Illustre comte, reprit le doyen, vous m’avez accordé aujourd’hui une insigne faveur ; mais vous ne voulez pas me mettre hors d’état de combattre nos ennemis, n’est-ce pas ?

Les chevaliers se rapprochèrent de Breydel dont le langage les surprenait grandement.

— Que voulez-vous dire ? demanda Guy.

— Que ces armes me pèsent et me gênent de toutes façons, seigneur comte. Je ne puis me bouger dans cette cuirasse, et ce casque me pèse tellement sur la tête, que je ne puis mouvoir le cou.

— Cette cuirasse vous garantira contre les ennemis, dit l’un des chevaliers.